Roquebillière, en vallée de la Vésubie. Petite ville de 1600 habitants de l'arrière pays niçois. A l'est du centre-ville, la piste forestière d'Albéras, à prendre en voiture parce que très longue, accède aux altitudes de la Vésubie, où les reliefs cisaillent le paysage. Si je me sens tout petit (et ce n'est pas qu'une impression), qu'en pense le Sablé provençal ?
Biotope de Agrodiaetus ripartii
Roquebillière - Piste d'Albéras - 06 17.08.2010
Dans les versants ensoleillés, plusieurs papillons rythment mon après-midi montagnard. Parmi eux, le Sablé provençal. Il existe trois espèces de sablés en France, dont le provençal qui est le plus rare et localisé. D'autres sablés peuplent l'Europe. La distinction de certaines populations est difficile voire impossible sur le terrain, les caractéristiques étant d'ordre chromosomiques et biochimiques.
Le milieu ci-dessus est favorable pour l'espèce : altitude, pelouse rase, versant ensoleillé et chaud, bouquets de lavande et présence de sainfoins, plantes-hôtes des chenilles.
Roquebillière - Piste d'Albéras - 06
17.08.2010
Première particularité des sablés français : le trait blanc traversant le recto de l'aile postérieure. Ce critère est spécifique aux Agrodiaetus.
La couleur de fond est brun clair, avec des ocelles cerclés de blanc, de forme irrégulière.
Les trois espèces françaises sont assez ressemblantes, particulièrement les femelles. La différence repose sur un examen précis des individus. J'écris bien "des" puisque l'idéal est toujours d'avoir plusieurs individus d'une population présentant les mêmes critères pour certifier l'espèce.
La couleur du recto des mâles varie en fonction des espèces, du bleu brillant au brun. On reconnait le mâle du Sablé provençal, qui est brun, par la présence d'une tache androconiale bien visible sur le recto de l'aile antérieure. Pour les femelles des différentes espèces, la reconnaissance se fait principalement par la couleur des franges, brunes ou bicolores.
Roquebillière - Piste d'Albéras - 06 17.08.2010
Le même individu, les ailes ouvertes. On distingue nettement la zone androconiale pelucheuse qui s'étend le long de la cote, au delà de la moitié basale de l'aile antérieure, preuve d'un mâle, brun, donc du Sablé provençal. Par ailleurs, les franges sont brunes, on distingue même une variance de couleur (brun plus foncé dans la moitié interne).
Les oeufs sont déposés un à un sur les inflorescences de Sainfoin Onobranchys sp. Quant aux adultes, ils sont attirés par la lavande, comme le montre ces photos où le mâle est posé sur de la lavande... très sèche ! Ce jour, j'ai également observé un accouplement.
Cette espèce évolue entre 200 et 2000 mètres d'altitude et compte plusieurs taxons dont certains peuvent être elevés en rang d'espèce, compte-tenu de leur localité géographique. En effet, les clés de détermination les plus récentes indiquent que l'identification de certains individus passent obligatoirement par leur localité géographique.
Pour l'instant, la France comptent 3 espèces de sablés, mais sûrement beaucoup plus au regard des progès de la science et de l'attachement de certains lépidoptérologues à considérer certaines sous-espèce en espèces, eu égard aux différences plus ou moins nettes entre les populations, basées généralement sur la taille, la couleur des ailes, voire les plantes-hôtes.