Voici une orchidée qui laisse même les experts sur leur faim... et leur soif de lui attribuer un nom, lui donner une identité. Parce que l'Ophrys des Olonnes n'est pas une espèce à proprement parlé, mais un "noeud botanique" ; une forme hybridogène qui s'est emmêlé l'ADN pour former une population localisée sur un territoire hyper sensible, où tourisme, urbanisation et sangliers ne lui laissent que peu de répit. Et pour combien de temps ?
Les Sables d'Olonne - 85
07.04.2010
Voici l'une des nombreuses formes que l'on peut trouver dans la station.
L'apparence des fleurs nous amène vers ses aïeux biologiques, avec au moins 3 parents :
l'Ophrys en forme d'araignée (Ophrys arachnitiformis), en raison de ses sépales blancs rosés veinés de vert et de sa floraison précoce...
Les Sables d'Olonne - 85
13.04.2010
... L'Ophrys araignée Ophrys aranifera en raison du contraste entre la cavité stigmatique et le labelle, qui est également bordé d'une marge jaune.
Sur cette photo, on remarque les gibbosités bien développées, avec une pilosité abondante.
Les Sables d'Olonne - 85
07.04.2010
Troisième lien de parenté assimilé à l'Ophrys de la Passion Ophrys passionis pour la couleur de fond très sombre du labelle.
Les pétales sont grands, à bord ondulé.
Certaines fleurs, comme celle-ci, n'ont pas de gibbosités.
Les Sables d'Olonne - 85
13.04.2010
Il existe deux formes distinctes sur la même station : les fleurs au périanthe (ensemble pétales - sépales) blanc et celles au périanthe vert. Leur pollinisateur est le même : Andrena thoracica, qui visite également l'Ophrys araignée Ophrys aranifera.
Deux couleurs donc deux espèces différentes ? Probablement pas. Même si les teintes des pieds varient, ils gardent tous des similitudes, tant dans leur écologie que dans leur phénologie : même habitat dunaire à quelques dizaines de mètres de l'océan ; même période de floraison, à partir de février, voire fin janvier.
Par ailleurs, il a été démontré que les pieds gardaient leur précocité de floraison hors de la station, ce qui prouve que l'épanouissement des fleurs n'est pas influencé par un micro-climat. Elles sont génétiquement programmées pour fleurir en début d'année.
La période de floraison constitue pourtant un critère important dans l'identification, et donc la classification des orchidées.
Quoiqu'il en soit, ces plantes divisent les spécialistes, certains les considérant comme un écotype, c'est à dire une population d'une espèce donnée ayant développé des caractéristiques liées à son milieu et son isolation géographique (soit, mais alors de quelle espèce s'agit-il ?). D'autres envisagent de classer l'Ophrys des Olonnes comme nouvelle espèce, ce qui pourrait prendre plusieurs années de débats scientifiques.
Attendre... alors que la menace de la destruction de son milieu est, elle, bien réelle : promeneurs de tout poil, promoteurs qui doivent certainement lorgner sur la dune grise... et quelques bouquets qui faneront sur la table.
Urbanisation raisonnée ?
Les Sables d'Olonne - 85 13.04.2010
L'une des menaces de la station d'Ophrys des Olonnes...